La dernière fois, j'avais essayé de dissiper les doutes et interrogations des visiteurs de ce blog, sûrement peu chanceux, sur la notion de "comment vivre avec une clavicule cassée ?".
Je me ferai une joie à l'avenir, et si les curieux utilisent les commentaires afin de coucher leurs requêtes procédé autrement plus simple que de deviner par les mots clefs des recherches, de répondre aux questions existentielles soulevées par la problématique de la clavicule cassée.
Je n'oserai m'aventurer au delà de cet os, bien qu'il me paraît logique que toute ossature liée à l'articulation de
l'épaule ait un traitement quotidien similaire. En revanche, je ne m'avancerai pas pour le traitement médical.
Deux autres questions sont ressorties dernièrement. La première est très spécifique mais indispensable :
- Comment enfiler un T-shirt avec une clavicule cassée ?
On n'enfile pas de T-shirt avec une clavicule cassée !!! Bandes d'inconscients ! :p
Pour information, non seulement les pompiers ont découpé le mien pour l'enlever malgré mes fortes oppositions initiales mais il m'a fallu en plus attendre de retirer l'attelle (soit six mois) pour espérer à nouveau me vêtir non sans difficultés de cet habit .
Tant que l'os n'est pas consolidé (naturellement par un cal osseux ou artificiellement par des plaques et des vis),
je ne saurais que trop vous conseiller d'opter pour les chemises, larges de préférence, afin de ne pas soumettre votre épaule à plus de souffrances inutiles. De toutes façons, vous ne défilerez
pas pour un grand couturier, vous n'avez donc pas besoin de vous faire beaux/belles, l'attelle ou les anneaux vous retirant déjà un pourcentage non négligeable de charme et de charisme.
Non, vous n'avez pas la classe non plus...
Une fois qu'il vous est possible de mobiliser légèrement l'épaule, le T-shirt s'enfile de la manière suivante pour une optimisation de vos chances de ne pas provoquer des douleurs supplémentaires superflues :
-
remontez au maximum la manche du bras immobilisé ;
- faites glisser le vêtement le long du bras rattaché à l'épaule déficiente ;
-
passez la tête ; alouette, déformation professionnelle...
- et enfilez le reste comme vous le pouvez sans vous faire mal.
Une fois qu'il est installé, il faudra bien enlever ce T-shirt un jour ou l'autre, ne serait-ce que pour vérifier l'avancement de votre gangrène. J'ai une technique particulièrement efficace mais dévastatrice à moyen terme :
- vous agrippez le T-shirt aussi loin que vous pouvez dans le dos avec le bras valide ; Je préfère préciser...
-
vous tirez le tout vers la tête ; alouette, comique de répétition, c'est ultra efficace avec les petits morveux !
- vous vous démerdez du reste : du moment que l'opération est indolore, c'est qu'elle fonctionne.
Ainsi, n'espérez pas avoir un usage normal de vos T-shirt et ne soyez pas étonnés de leur difformité évolutive.
Une clavicule cassée, c'est une garde robe à changer.
- Comment mettre les anneaux ?
Vous savez déjà de ce que je pense de cet artéfact sorti tout droit des enfers.
Bref, normalement, une fois installés les anneaux ne devraient pas être retirés. Seulement, cela serait merveilleux dans le meilleur des mondes, et d'ailleurs, dans ce monde, les anneaux n'existeraient pas... donc pour les mettre il n'y a qu'une seule solution : DE L'AIDE !
N'essayez pas seul, ça ne sert à rien, empirera votre situation et, au mieux, ne plus les avoir un moment vous soulagera de cette douleur infligée par le port de cet objet de torture.
- Quelles sont les séquelles après une fracture de clavicule ?
Je ne vous énumèrerai pas toutes les séquelles pour la simple et bonne raison qui suit : je ne les connais pas.
Il existe souvent une persistence des raideurs musculaires et/ou des douleurs résiduelles, le tout causé par l'immobilisation et les opérations qui ont malmené les muscles et autres éléments indispensables à la fonctionnalité de l'articulation.
Aparté pour Sylvie : je crains que la sciatique ne soit jamais considérée comme telle... :p Je ne sais pas si celle-ci est antérieure ou postérieure à ta fracture.
Si elle est antérieure, ta situation n'arrangera certainement pas ton cas.
Si elle est postérieure, la relation de causalité ne m'apparaît pas impertinente.
On sait que la sciatique est liée à un problème de dos, le nerf du même nom étant pincé quelque part entre les lombaires et le muscle de la cuisse, or une clavicule cassée provoque obligatoirement des tensions non négligeables sur toute la partie haute du corps par effet de compensation. Donc pourquoi pas, par effet domino, sur la partie basse.
Pour en revenir aux séquelles, j'en connais désormais une officielle - la mienne, vous observerez que nous apprenons beaucoup à nos dépens - qui est une conséquence fréquente : la formation d'une excroissance osseuse dans l'articulation liée à une immobilisation prolongée et à une tension permanente dans l'épaule.
Ai-je appris par ce biais, et en allant consulter un énième chirurgien, que mes souffrances n'étaient finalement pas psychologiques ou - comme certains me l'ont fortement reproché - simulées ! Moi, je le savais déjà. En revanche, la plupart des médecins et ma famille, eux en doutaient largement.
Heureusement, la lumière est (enfin !) faite sur la pertinence de mes doléances.
L'excroissance se situe sur l'acromion (j'avais déjà mentionné cet os qui est associé à la clavicule et dont, dans
mon cas, la luxation apparente fait débat...) et bloque l'articulation (si ce n'est pas la luxation qui en serait à l'origine...) en plus de titiller gentillement la tuyauterie sur son passage.
Ce qui expliquerait sans aucun doute la différence de couleur et de température ainsi que les douleurs et crampes récurrentes dans le bras et, par extension anatomique, la main accrochée à
l'épaule incriminée.
Je me ferai un plaisir d'aller frapper aux portes des experts et médecins qui m'ont clairement exprimé ces trois dernières années leurs réticences quant à mes déclarations allant jusqu'à me taxer d'oisiveté durant mes séances de kiné ainsi que d'exagération extrême sur mes limitations et mes douleurs endurées.
L'ennui, et puisqu'il m'est impossible de ne pas user de mon membre supérieur gauche même s'il est limité ; d'une part parce qu'il est toujours rattaché à mon corps ce qui induit inévitablement et mécaniquement des mouvements, d'autre part parce que cela risquerait d'aggraver l'excroissance qui pourrait évoluer ; c'est qu'avec le temps, cette excroissance finisse par ronger les tuyaux qui tiennent et entretiennent le bras, menaçant indirectement aujourd'hui et directement demain la fonctionnalité de celui-ci.
Réjouissant programme n'est-il pas ?
Alors, maintenant que nous savons avec précision la nature de mon "inconfort" et les futures conséquences, il doit bien y avoir une solution à ce problème ?
(même si la question de la luxation est bizarrement toujours délicate... pourtant, la comparaison illustrée dans Casse-toi, pov c... (1) semble démontrer sa présence)
Il existe effectivement un moyen d'y remédier et je vous le donne dans le mille : il
faut passer par la phase charcutage ! Chic, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas ouvert mon corps !!! \o/
Oui mais ! Ca ne serait pas intéressant si la réponse était aussi simple... Tant que
les souffrances ne sont pas insupportables - le chirurgien estime ma tolérance à la douleur très bonne c'est sûr, ça va tout de suite mieux avec de la
morphine... - et que les tendons ne sont pas au bord de la rupture, l'intervention n'est pas urgente. Merci de revenir dans deux ans quand il
sera trop tard...
En conclusion, me voilà bien avancée...
Pour les
questions/remarques, je suis de toute ouïe. ;)
Casse-toi, pov c... (1) : une explication sur ce titre pour écarter tout malentendu ; je fais bien évidemment référence à la frasque de notre ancien président, le "c..." mentionnant au choix ironiquement le patient qui est pris effectivement pour un con ou la clavicule.
By Kypic.
La phrase de la fin par Daniel Desbiens :
"Qui tente sa chance et fait preuve de persévérance
obtient sa récompense. Qui plie sous la malchance et ne retrousse pas ses manches vivote dans le silence."